Fréquences, types et impacts des événements indésirables non spécifiques des médicaments : une méta-analyse d’essais randomisés contrôlés contre placebo - 22/11/15
Résumé |
Introduction |
Des méta-analyses d’essais randomisés contrôlés (ERC) contre placebo pour le traitement de la gonarthrose ou de la sclérose en plaques ont montré que la prise de placebo s’accompagne d’événements indésirables (EI) dans 27 % [1 ] à 74 % [2 ] des cas et que 86 % des EI observés sous traitement actif sont non spécifiques [1 ]. Pour l’instant, aucune étude des EI non spécifiques n’a été menée à plus grande échelle. L’objectif de notre étude était de décrire les types et fréquences d’EI non spécifiques et d’estimer la proportion des EI non spécifiques observés sous traitements actifs.
Matériels et méthodes |
Nous avons conduit une revue méthodique de la littérature pour identifier tous les ERC contre placebo publiés de 2006 à 2012 dans 5 journaux médicaux de fort impact international (Annals of Internal Medicine, British Medical Journal, JAMA, Lancet et New England Journal of Medicine). Seuls les ERC ayant administré le médicament actif ou le placebo comme unique traitement protocolaire ont été retenus. Les autres principaux critères d’exclusion étaient les ERC incluant des patients sous sédation ou en réanimation, présentant des troubles psychotiques, des enfants et les ERC évaluant des médicaments topiques. Les caractéristiques des ERC et les informations sur les EI dans chacun des 2 groupes de traitements actifs ou par placebo ont été extraites des publications répondant à nos critères d’inclusion. Des méta-analyses à effet aléatoire ont été réalisées pour tous les EI pour lesquelles l’information a été trouvée dans≥10 ERC. Les paramètres calculés étaient la fréquence poolée de survenue d’un EI donné chez les patients exposés au placebo et les proportions poolées d’EI non spécifiques dans la population exposé au traitement actif. Ces proportions ont été calculées par des risques relatifs correspondant au rapport de la fréquence d’un EI donné dans le groupe placebo sur la fréquence de ce même EI dans le groupe sous traitement actif. Les risques relatifs étaient exprimés en pourcentages et, par défaut, tronquées à des valeurs maximales de 100 %. L’hétérogénéité statistique entre les études a été évaluée à l’aide du test du I2.
Résultats |
Parmi 684 publications identifiées, 244 publications ont été retenues totalisant 296 929 individus recevant un placebo et 319 030 personnes recevant un traitement actif. Les principaux domaines médicaux étaient les maladies de l’appareil circulatoire (21 %), endocriniennes, nutritionnelles et métaboliques (12 %) et tumeurs et maladies du sang (12 %). Finalement, 2885 données ont été utilisées pour définir 92 types d’EI renseignés par≥10 études. Les fréquences poolées de≥1 EI,≥1 EI grave et≥1 EI jugé attribuable au traitement dans le groupe placebo étaient respectivement de 72,7 % (IC95 % : 67,2–77,6, I2=99,7 %), 9,8 % (IC95 % : 8,2–11,6, I2=99,1) et 18,0 % (IC95 % : 12,9–24,7, I2=98,9 %). Pour ces 3 variables, les proportions d’EI non spécifiques pour les personnes recevant un traitement actif étaient respectivement de 97,0 % (IC95 % : 95,8–98,3, I2=88,9 %), 100 % (IC95 % : 98,5–100, I2=29,6 %) et 78,3 % (IC95 % : 73,3–83,7, I2=70,1 %). Pour les 85 variables correspondant à des EI agrégés par systèmes et organes ou des EI individuels, les fréquences poolées variaient de 0,5 % (« augmentation des CPK ») à 12,6 % (« infections et infestations ») et les proportions poolées d’EI non spécifiques de 38,1 % (« neutropénie ») à 100 % (« chutes »).
Conclusion |
Une très grande proportion des EI signalés lors d’ERC contre placebo chez les individus recevant le traitement actif sont non spécifiques. Ces résultats soulignent la difficulté d’établir le profil de tolérance d’un médicament à partir de données d’ERC.
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Vol 36 - N° S2
P. A45-A46 - décembre 2015 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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