Un effet indésirable du déférasirox (Exjade®) pouvant avoir de lourdes conséquences - 22/11/15
Résumé |
Introduction |
Le déférasirox (Exjade®) est un chélateur du fer largement prescrit dans les surcharges martiales chroniques post-transfusionnelles. Nous rapportons le cas d’une patiente ayant présenté un nouvel effet secondaire du déférasirox qui aurait pu avoir de lourdes conséquences fonctionnelles.
Observation |
Une patiente de 43ans, aux antécédents de lymphome hodgkinien de type scléronodulaire traité par ABVD et radiothérapie considéré en rémission depuis 2005, était suivie en médecine interne pour une anémie hémolytique auto-immune (AHAI). L’AHAI s’était avérée réfractaire à la corticothérapie, au rituximab, à la splénectomie, au cyclophosphamide et à la ciclosporine. Elle a bénéficié de traitement symptomatique à type de nombreuses transfusions itératives responsables d’une hémochromatose secondaire pour laquelle un traitement par déférasirox 1000mg/j a été débuté. Trois semaines après le début du traitement, la patiente a présenté une asthénie sévère, des vomissements et des signes de déshydratation extracellulaire. Le bilan biologique révélait alors une insuffisance rénale aiguë avec une créatininémie à 234mmol/L, une urémie à 22mmol/L, une protéinurie à 0,73g/j associée à une éosinophilie à 900/mm3 et une éosinophilurie positive. Du fait de la forte suspicion d’une étiologie médicamenteuse, la biopsie rénale n’a pas été réalisée. Une suspicion d’insuffisance rénale aiguë immuno-allergique secondaire au déférasirox entraînait l’arrêt du médicament incriminé associé à une réhydratation et correction des troubles hydroélectrolytiques. Une semaine après l’arrêt du médicament la fonction rénale s’était normalisée.
Discussion |
Le déférasirox est un chélateur du fer habituellement très bien toléré, avec pour principaux effets indésirables des troubles digestifs avec nausées, douleurs abdominales, rash cutanés [Ruivard, 2012]. Les essais cliniques ont cependant constaté des augmentations supérieures à 33 % de la créatininémie chez 36 % des patients traités par déférasirox, ces anomalies ont été dépendantes de la dose et réversibles après arrêt ou adaptation des doses. Les étiologies de ces augmentations n’avaient pas été élucidées lors de la mise sur le marché du déférasirox [1 ]. La littérature ne rapporte qu’un cas d’insuffisance rénale aiguë sous déférasirox, compliqué d’une insuffisance rénale terminale nécessitant une prise en charge définitive en dialyse [2 ]. Les NIA se manifestent par une triade inconstante : fièvre, éruption cutanée, éosinophilie plusieurs semaines après le début de la prise du traitement ou 3 à 5jours après sa réintroduction ainsi que par une éosinophilurie, une pyurie stérile et une insuffisance rénale à diurèse conservée ; le diagnostic de certitude étant l’examen anatomo-pathologique d’une biopsie rénale révélant des lésions interstitielles parfois granulomateuses [3 ]. Les principales étiologies médicamenteuse des NIA actuellement incriminées sont : les AVK, les antibiotiques, les anti-inflammatoires non stéroïdiens et les inhibiteurs de la pompe à protons [3 ]. La recherche d’une éosinophilurie isolée peut apporter un argument en faveur d’une NIA bien que sa sensibilité ne soit évaluée qu’à 25 % avec une valeur prédictive positive à 3 % [Fletcher A. 2008].
Conclusion |
L’intérêt de cette observation est de rapporter un effet indésirable non décrit du DEFERASIROX, une atteinte rénale dont le mécanisme est une NIA. L’apparition d’une insuffisance rénale doit faire suspecter la cause médicamenteuse, compléter le bilan étiologique et suspendre le médicament afin d’éviter une atteinte rénale définitive. La prescription d’EXAJDE doit s’accompagner d’une surveillance de la fonction rénale.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Plan
Vol 36 - N° S2
P. A202-A203 - décembre 2015 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
L’accès au texte intégral de cet article nécessite un abonnement.
Déjà abonné à cette revue ?