Endocardite fongique sur valves natives du sujet immunocompétent : à propos de 2 cas - 22/11/15
Résumé |
Introduction |
Les endocardites fongiques sont rares et de pronostic redoutables. L’apanage de sujet porteur de valvulopathie ou toxicomane intraveineux auparavant, elles concernent actuellement de plus en plus le sujet immunodéprimé. Les endocardites fongiques sur valves natives chez un sujet immunocompétent sont rarissimes. Nous rapportons deux nouvelles observations d’endocardites fongiques sur valves natives en dehors de toute notion d’immunodépression.
Observation |
Cas1 : un patient âgé de 34ans, sans antécédent pathologique notable, avait présenté quatre mois avant son admission une fièvre, une altération de l’état général, des œdèmes des membres inférieurs et un purpura des deux jambes. L’examen clinique objectivait une fièvre à 38,6, un souffle systolique d’insuffisance mitrale, des œdèmes des membres inférieurs de type rénal, un purpura vasculaire des deux jambes et aux bandelettes urinaires une protéinurie à une croix et une hématurie à trois croix. À la biologie, on notait une hyperleucocytose, une anémie inflammatoire à 6,9g/dL, un syndrome inflammatoire, une insuffisance rénale avec une clairance de la créatinine à 35,8mL/min et une protéinurie à 0,45g/24h. Le bilan immunologique avait montré un complément sérique consommé. Deux hémocultures étaient positives à Candida tropicalis. L’échographie cardiaque trans-thoracique avait révélé des valves mitrales truffées de végétations de taille variable, mobiles, s’étendant sur toute la grande valve mitrale jusqu’à l’anneau mitral. La petite valve mitrale (PVM) était aussi truffée de végétations avec prolapsus de la PVM en rapport avec une rupture partielle de cordage. Le patient était mis sous fluconazole par voie intraveineuse à la dose de 800mg puis 400mg/j pendant 53jours. Devant la persistance du syndrome infectieux, de l’insuffisance rénale (clairance de la créatinine à 32,8mL/min) et l’installation d’une insuffisance cardiaque, le patient a été transféré en chirurgie cardiovasculaire où il a eu un remplacement de la valve mitrale avec bonne évolution clinico-biologique. Cas 2 : Un patient âgé de 38ans, sans antécédent pathologique notable, était hospitalisé pour bilan étiologique d’une tuméfaction du membre inférieur droit, associée à une fièvre prolongée évoluant dans un cadre d’altération de l’état général. L’examen physique objectivait une fièvre à 39°C, un souffle diastolique d’insuffisance aortique, polypnée, une diminution du ballottement du mollet droit et un purpura vasculaire des 2 membres inférieurs. À la biologie, on notait une anémie à 5,7g/dL, un syndrome inflammatoire, une insuffisance rénale (clairance de la créatinine à 30mL/min), AAN et ANCA négatifs. Deux hémocultures étaient positives à Candida. L’échographie Doppler des membres inférieurs montrait une thrombose artérielle et veineuse du membre inférieur droit. L’échographie cardiaque avait objectivé des valves aortiques truffées de végétations de taille variable, mobiles, s’étendant sur toute la valve aortique, dont une abcédée et fistulisée dans les cavités droites. Le patient était mis sous anti-fongiques. Devant l’évolution défavorable, un traitement chirurgical était indiqué. Le patient est décédé en peropératoire.
Discussion |
L’originalité de nos observations réside dans l’absence de toute notion d’immunodéficience et de toxicomanie intraveineuse d’une part, et de l’apparition des endocardites fongiques sur valves natives en dehors de toute intervention ou cathétérisme cardiovasculaire précédent.
Conclusion |
Les endocardites fongiques représentent une pathologie encore mal connue et de très mauvais pronostic. Il s’agit d’une véritable urgence diagnostique et thérapeutique. L’amélioration pronostique doit être obtenue grâce à un raccourcissement du délai diagnostique et à une optimisation de la prise en charge thérapeutique.
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Vol 36 - N° S2
P. A114-A115 - décembre 2015 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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