Mucormycose : à propos de trois observations - 22/11/15
Résumé |
Introduction |
La mucormycose est une infection opportuniste, rare, invasive et rapidement extensive. Nous rapportons trois nouvelles observations de mucormycose.
Observation |
Observation 1 : femme âgée de 54ans, diabétique et coronarienne hospitalisée pour exploration d’une tuméfaction latéro-cervicale gauche, douloureuse. L’examen physique a montré une tuméfaction de 6cm de grand axe douloureuse avec des signes inflammatoires en regard. La biologie a objectivé un syndrome inflammatoire. Une mise à plat a été pratiquée, montrant de multiples tissus nécrosés. Une antibiothérapie a été instaurée mais sans amélioration avec installation 3jours plus tard d’une paralysie faciale périphérique. L’imagerie par résonance magnétique (IRM) cervicale a montré une plage hétérogène fine latéro-cervicale gauche en hyposignal T1 et T2 infiltrant l’espace préstylien et le lobe profond de la parotide gauche avec des adénopathies cervicales bilatérales. L’étude histologique avait objectivé l’existence de nombreuses structures de mucormycose au sein d’un tissu fibro-inflammatoire, presque totalement nécrosé et absence de tissu cutané. La patiente a été traitée par de la fungizone avec bonne évolution. Observation 2 : Patiente âgée de 58ans diabétique type 2, admise pour des douleurs de l’hémiface gauche avec céphalées frontales gauches, obstruction nasale et rhinorrhée purulente gauche évoluant depuis 2mois. L’examen était sans particularités en dehors d’une adénopathie sous maxillaire gauche de 1cm de diamètre d’allure inflammatoire. Le bilan biologique était normal. Elle a été mise sous lévofloxacine et détérgyllone à la consultation d’ORL sans amélioration. Une TDM des sinus avait montré un aspect de sinusite maxillaire droite nodulaire, un aspect de naso-ethmoïdo-sinusite gauche diffuse avec blocage complet du sinus maxillaire par blocage méatique moyen et des remaniements osseux diffus de l’hémiface gauche et en particulier des parois du sinus maxillaire d’allure inflammatoire chronique. Une méatotomie moyenne gauche a conclu à une mucormycose de la muqueuse sinusienne. Elle a alors été mise sous amphotéricine B avec évolution favorable sur le plan clinique, biologique et radiologique. Observation 3 : Patient âgé de 78ans, suivi pour une broncho-pneumopathie obstructive et un diabète de type 2, admis au service d’ORL pour une symptomatologie évoluant depuis 8mois faite de céphalées, rhinorrhée purulente unilatérale, ptosis droit et rougeur palpébrale homolatérale. Un scanner cérébral et orbitaire a montré une cellulite palpébrale droite secondaire à une sinusite maxillaire et ethmoïdale homolatérale et une exophtalmie grade I. Une antibiothérapie intraveineuse a été instaurée mais sans amélioration. Une IRM orbitaire et du massif facial a été réalisée et a montré une formation orbitaire droite extra conique supéro-interne pseudo-tumorale communiquant par un pertuis avec les cellules ethmoïdales internes qui sont comblées. Une biopsie rétro-orbitaire a été réalisée montrant à une nécrose tissulaire renfermant des spores et des filaments branchés évoquant une mucormycose. Il s’y associe une bordure palissadique à cellules épithéloïdes et giganto-cellulaires autour d’un foyer nécrotique caséiforme évoquant ainsi une tuberculose associée. Le patient a alors été transféré en médecine interne pour complément de prise en charge. L’examen à l’admission a trouvé un patient apyrétique, un ptosis et une exophtalmie droite, une douleur périorbitaire droite à la pression avec des râles sibilants et bronchiques à l’auscultation pulmonaire. Le bilan biologique était sans anomalies hormis une hyperleucocytose à 10,9×103/μL. L’intradermoréaction à la tuberculine était négative ainsi que la recherche de BK dans les crachats. La radiographie thoracique a montré des macronodules de tailles variables diffuses calcifiés et bilatéraux. Le scanner thoraco-abdomino-pelvien a objectivé de multiples granulomes calcifiés pulmonaires, hépatiques et spléniques. Le patient a été traité par amphotéricine B associé à la lévofloxacine du fait de l’effet synergique. À j5 de traitement, la lévofloxacine a été arrêtée et on a introduit la quadrithérapie anti-tuberculeuse avec bonne évolution.
Conclusion |
La mucormycose est une infection fongique agressive touchant particulièrement les diabétiques. Le pronostic dépend de la rapidité et de la qualité de la prise en charge.
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Vol 36 - N° S2
P. A113-A114 - décembre 2015 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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