Infections ostéoarticulaires chez les usagers de drogues : étude rétrospective de 18 cas - 22/11/15
Résumé |
Introduction |
Les patients usagers de substances par injection intraveineuse (UDIV) ont un risque accru d’infections cutanées et ostéoarticulaires. La connaissance des micro-organismes responsables de ces infections est importante pour initier une antibiothérapie probabiliste adaptée.
Résultats |
Les dossiers de 11 patients permettant de répertorier 18 évènements ont été identifiés par le PMSI de 2004 à 2015 dans les services de médecine interne accueillant les patients UDIV, le service de chirurgie orthopédique s’occupant des pathologies ostéoarticulaires et le CSAPA du CHU de Strasbourg. L’âge moyen des patients était de 37ans (27–55ans), le sex-ratio M/F est de 1,25. Tous les patients consommaient de manière active des drogues en injection intraveineuse. Le diagnostic était basé sur des signes cliniques et radiologiques d’infection ostéoarticulaire associés à la culture positive d’un prélèvement articulaire ou osseux et/ou au moins une hémoculture positive. Une arthrite était retrouvée dans 9 (50 %) cas, une ostéite pour les 9 (50 %) autres. Le membre supérieur était atteint dans 8 (44 %) cas, en majorité avec une atteinte de l’avant-bras (6 patients), le membre inférieur chez 7 (39 %) patients et le rachis chez 4 (22 %) patients. Une bactériémie était retrouvée dans 4 (22 %) cas. Un seul patient était atteint par le VIH. Six patients sur les 11 ont fait au moins deux épisodes d’infections ostéoarticulaires sur la période d’étude. Le Staphylococcus aureus était le germe le plus représenté et a été identifié seul dans 9 (50 %) des infections. Un S. aureus résistant à la méticilline (SARM) était identifié dans 1 seul des épisodes. Quatre des infections à S. aureus étaient une spondylodiscite, et 5 atteignaient une articulation du membre inférieur. Le mode de contamination était dans presque tous les cas (8 cas sur 9) hématogène c’est-à-dire faisant suite à une injection vasculaire de drogue avec greffe bactérienne à distance du point d’injection. Aucune endocardite n’a été retrouvée chez ces 9 patients, la majorité ayant eu une échographie cardiaque (8 cas sur 9). Deux patients avaient un abcès en regard de l’articulation atteinte. Une flore polymicrobienne était retrouvée dans 8 (44 %) cas, c’est-à-dire comportant une flore diverse composée de bacilles Gram négatif, d’anaérobies, de Pseudomonas aeruginosa, de S. aureus, de Streptococcus, d’Enterococcus. Il s’agissait d’une atteinte de l’avant-bras pour 6 cas, du fémur pour 1 cas et de l’humérus pour 1 cas. Le mode de contamination était par contiguïté dans tous les cas c’est-à-dire faisant suite à une plaie délabrante des tissus mous consécutive à des injections répétées avec atteinte de l’os sous-jacent. Ces plaies étaient dans tous les cas chroniques et entretenues par de multiples réinjections. Un patient a dû être amputé à un quart supérieur de l’avant-bras en raison d’une perte de substance trop importante avec cicatrisation impossible. Aucune levure n’a été retrouvée dans les prélèvements.
Discussion |
Le S. aureus représente dans notre étude 50 % des infections ostéoarticulaires chez les UDIV. Ce chiffre est similaire à la dernière étude parue sur le sujet qui retrouvait 52 % (111/215 patients) de SA [1 ]. Dans notre étude, toutes les infections mono-bactériennes à S. aureus étaient d’origine hématogène et se manifestaient sur un mode aigu avec une atteinte articulaire au niveau du membre inférieur ou sous forme de spondylodiscite. La proportion de SARM était faible avec un seul patient alors que dans l’étude d’Allison elle était de 38 %. Quarante-quatre pour cent des infections étaient polymicrobiennes. Ce chiffre est similaire au dernier paru dans la littérature qui est de 33 % [1 ]. Le mode de contamination dans les infections polymicrobiennes faisait suite à des injections répétées dans des plaies provoquant une perte de substance importante avec exposition osseuse et ostéite. Ces infections évoluaient sur un mode chronique et étaient toujours des ostéites qui pouvaient parfois conduire à une amputation du fait d’une cicatrisation impossible liée à une impossibilité de greffe cutanée.
Conclusion |
D’après notre étude, on peut distinguer deux types d’infections ostéoarticulaires chez les UDIV. D’un côté les infections aiguës à S. aureus avec un mode de contamination bactériémique et touchant quasi exclusivement les articulations et notamment le rachis. De l’autre, les infections chroniques polymicrobiennes, avec un mode de contamination par contiguïté, causant des ostéites de contact.
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Vol 36 - N° S2
P. A106 - décembre 2015 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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