S'abonner

Une cause d’endocardite à ne pas méconnaître - 20/05/15

Doi : 10.1016/j.revmed.2015.03.214 
C. Bon 1, E. Coute 1, N. Bernard 1, M. Hessamfar 1, M.A. Vandenhende 1, S. Yeim 2, L. Rolland 1, F. Bonnet 1, , P. Morlat 3
1 Médecine interne et maladies infectieuses, hôpital Saint-André, Bordeaux, France 
2 Cardiologie, hôpital Saint-André, Bordeaux, France 
3 Service de médecine interne et maladies infectieuses, hôpital Saint-André, CHU de Bordeaux, Bordeaux, France 

Auteur correspondant.

Résumé

Introduction

L’interrogatoire est essentiel pour traquer la porte d’entrée d’une endocardite bactérienne afin d’en permettre la prise en charge optimale. Cette porte d’entrée peut être inhabituelle et de révélation tardive, comme nous le rapportons dans cette observation rare.

Observation

M. B, 29ans est homosexuel ; il est aide-soignant en milieu hospitalier, sportif et célibataire. Il est suivi pour une biscuspidie aortique dans le cadre d’un syndrome de Marfan.

Sa séropositivité pour le VIH a été découverte en 2008 et la baisse récente de ses CD4 à 375/mm3 avec une charge virale à 75 000 copies/mL justifie l’introduction d’une trithérapie encore non acceptée par le patient.

En juin 2013, devant une fièvre traînante et inexpliquée et la découverte d’un souffle systolique au foyer aortique est réalisée une ETT qui met en évidence une végétation sur la valve aortique bicuspide native de 7mm. Les hémocultures sont positives à Enteroccocus faecalis. Un traitement par Amoxicilline-Gentamycine est mené à bien avec une bonne évolution ; la coloscopie réalisée dans le cadre du bilan étiologique est strictement normale.

On rapporte 4 mois plus tard le même tableau d’endocardite de nouveau à Enteroccocus faecalis se soldant par une insuffisance aortique nécessitant la mise en place d’une bioprothèse aortique.

Le 3e épisode mettra en évidence cette fois des hémocultures positives à Streptococcus parasanguis.

Le bilan étiologique est complété par un coloscanner, un bilan stomatologique, ORL et PET scanner qui ne mettent pas en évidence de foyer profond ou superficiel.

On notera la positivation d’une sérologie VHC avec ARN+ la dernière sérologie négative datant d’octobre 2008. L’interrogatoire est repris à la recherche d’éventuelles pratiques à risques mais le patient affirme s’être contaminé au cours d’un accident d’exposition au sang dans le cadre de son travail.

Ces endocardites restent d’étiologie inexpliquée jusqu’à une visite de contrôle quelques mois plus tard où le patient se présente amaigri, dans un état d’agitation anxieuse, totalement désinhibé avec une composante paranoïaque. Il reconnaît alors s’injecter régulièrement depuis 18 mois des produits psychostimulants par voie intraveineuse dans le cadre de sa vie sexuelle.

Discussion

L’injection intraveineuse de divers produits psychostimulants à visée de désinhibition sexuelle (le plus fréquent est la méphédrone) est connue sous le nom anglo-saxon de SLAM (qui signifie « claquer », ce terme est employé par les usagers pour évoquer la violence de l’effet lors de l’injection). Le concept serait né aux États-Unis au sein de la population homosexuelle masculine. L’ampleur du phénomène est difficilement quantifiable, mais les addictologues rapportent une augmentation des cas depuis 2011, touchant tous les milieux socio-économiques.

Les complications majeures sont classiques, non seulement infectieuses et cardiologiques, mais aussi psychosociales avec un fort pouvoir addictogène, pouvant conduire à une désocialisation rapide [1].

Conclusion

Le SLAM, pratique « récente », encore mal connue des médecins, fait partie des pratiques à rechercher lors de l’interrogatoire de patients présentant une endocardite dont la porte d’entrée reste méconnue. Reconnaître précocement cette étiologie permet, outre de guider le traitement et la surveillance, d’entamer une prise en charge adaptée de l’addiction, souvent mal assumée par l’usager.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

Plan


© 2015  Publié par Elsevier Masson SAS.
Ajouter à ma bibliothèque Retirer de ma bibliothèque Imprimer
Export

    Export citations

  • Fichier

  • Contenu

Vol 36 - N° S1

P. A176-A177 - juin 2015 Retour au numéro
Article précédent Article précédent
  • Les maladies de système au cours de l’infection à VIH : 76 cas
  • M. El Fane, L. Badaoui, H. Lamdini, L.A. Oulad, E.F.K. Marhoum
| Article suivant Article suivant
  • Remplacement valvulaire mitro-aortique sur endocardite à Enterococcus durans dans le cadre d’une maladie de Rendu-Osler
  • J. Campagne, F. Abdo, M. Heymonet, S. Mohamed, J. Deibener, P. Kaminsky

Bienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
L’accès au texte intégral de cet article nécessite un abonnement.

Déjà abonné à cette revue ?

Mon compte


Plateformes Elsevier Masson

Déclaration CNIL

EM-CONSULTE.COM est déclaré à la CNIL, déclaration n° 1286925.

En application de la loi nº78-17 du 6 janvier 1978 relative à l'informatique, aux fichiers et aux libertés, vous disposez des droits d'opposition (art.26 de la loi), d'accès (art.34 à 38 de la loi), et de rectification (art.36 de la loi) des données vous concernant. Ainsi, vous pouvez exiger que soient rectifiées, complétées, clarifiées, mises à jour ou effacées les informations vous concernant qui sont inexactes, incomplètes, équivoques, périmées ou dont la collecte ou l'utilisation ou la conservation est interdite.
Les informations personnelles concernant les visiteurs de notre site, y compris leur identité, sont confidentielles.
Le responsable du site s'engage sur l'honneur à respecter les conditions légales de confidentialité applicables en France et à ne pas divulguer ces informations à des tiers.


Tout le contenu de ce site: Copyright © 2024 Elsevier, ses concédants de licence et ses contributeurs. Tout les droits sont réservés, y compris ceux relatifs à l'exploration de textes et de données, a la formation en IA et aux technologies similaires. Pour tout contenu en libre accès, les conditions de licence Creative Commons s'appliquent.