Devenir des patients pris en charge par ECMO pour choc cardiogénique ou arrêt cardiaque réfractaire : résultats de 2 ans d’expérience unicentrique - 30/08/14
Résumé |
Introduction |
Malgré les progrès permanents de la médecine, le choc cardiogénique (CC) et l’arrêt cardiaque (AC) demeurent les principales causes de décès chez les patients hospitalisés indépendamment de leur étiologie. Dans ces situations, l’assistance extracorporelle veino-artérielle de type ECMO semble être une alternative prometteuse au traitement conventionnel mais la mise en œuvre de ce type de technique nécessite du matériel efficient et un personnel hautement spécialisé ce qui pourrait augmenter les dépenses de santé et affecter l’allocation des ressources. Nous avons décidé d’évaluer les résultats de l’utilisation de l’ECMO pour CC ou AC dans notre centre. Nous avons étudié les facteurs prédictifs de mortalité intrahospitalière et à 3mois car l’identification précoce des facteurs associés à une meilleure survie semble nécessaire.
Matériel et méthodes |
Les résultats de 82 patients adultes (>15ans) avec CC ou AC réfractaire au traitement conventionnel et ayant bénéficié de la pose d’une ECMO veino-artérielle dans notre centre (CHU Toulouse, France) entre janvier 2012 et décembre 2013, ont été analysés rétrospectivement. Le protocole d’étude a été approuvé par notre comité institutionnel d’éthique et de la recherche (no 13-0214).
Résultats |
Les patients étaient essentiellement des hommes (n=53 ; 64,7 %), jeunes : 53ans en moyenne (15 à 79). Les indications étaient un AC pour 39 patients (47,6 %), une insuffisance cardiaque terminale pour 11 (13,4 %), une insuffisance cardiaque aiguë pour 12 (14,6 %), en post-cardiotomie pour 14 (17,1 %), une intoxication aux cardiotropes pour 4 (4,9 %) et un syndrome de détresse respiratoire aiguë pour 2 (2,4 %). Dix-sept (20,7 %) n’avaient pas de cardiopathie préalable, mais 44 (53,7 %) avaient une cardiomyopathie ischémique, 12 (14,6 %) une cardiomyopathie dilatée, et 9 (11,0 %) d’autres cardiomyopathies. L’assistance par ECMO a été compliquée par 8 (9,8 %) ischémies aiguës de membre, 11 (13,4 %) œdème pulmonaire, 27 (32,9 %) hémorragies majeures, 43 (52,4 %) infections, et 5 (6,1 %) dysfonctions d’ECMO. Trente-cinq patients (42,7 %) ont été sevrés avec succès de l’ECMO mais seulement 29 (35,4 %) sont sortis vivants de réanimation, et 23 (28,1 %) de l’hôpital. Les AC ont été associés à la plus forte mortalité à 3mois (79,5 %, p=0,024), en particulier si l’ECMO a été posée sous massage cardiaque externe (88 %, p=0,035). Le taux de mortalité le plus faible a été observé pour les intoxications (50 %) et les syndromes de détresse respiratoire aiguë (0 %). À 3mois, 26 (31,7 %) étaient vivants avec 4 transplantations, et 3 patients sous assistance ventriculaire gauche. Pour prédire la mortalité à 3mois, l’analyse univariée a identifié l’âge (p=0,02), le débit de filtration glomérulaire (p=0,02) et le taux de lactates (p=0,008) au moment de la pose de l’assistance. L’analyse multivariée confirme le rôle pronostique du taux de lactates (p=0,02).
Discussion |
Comme précédemment décrit, les AC mais aussi les CC sont associés à une mortalité élevée, et en dépit d’une morbi-mortalité élevé, l’ECMO permet 28 % de survie totale. Le taux initial de lactates artériels pourrait servir de prédicteur de survie pour la stratification du risque et l’indication de l’ECMO. Certaines indications comme l’arrêt cardiaque, surtout si les patients sont encore sous massage cardiaque externe, apparaissent comme inadaptées voire même contre-indiquées.
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Vol 33 - N° S2
P. A387 - septembre 2014 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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