Introduction – objectifs : Dans les infections ostéo-articulaires (IOA), en cas d’abstention chirurgicale, une antibiothérapie au long cours, dite suppressive, est recommandée. L’intérêt de cette antibiothérapie est controversé.

Matériels et méthodes : Une étude bicentrique rétrospective a été menée. Les critères d’inclusion étaient : âge > 18 ans, IOA certaine, abstention chirurgicale, suivi > 3 mois. Les IOA sur pied diabétique ont été exclues. Une évolution défavorable était définie par : épisode septique systémique, autre localisation infectieuse, décès, dégradation majeure de l’autonomie.

Résultats : Cinquante neuf patients ont été inclus (âge = 67,8 ans, sex-ratio H/F = 0,97) dont 44 (74 %) avec une infection sur prothèse. Les micro-organismes identifiés étaient : Staphylococcus aureus (44 %), staphylocoque coagulase négative (10 %), entérobactéries (7 %), streptocoques (10 %), polymicrobiens (17 %), autres (12 %). Les principaux motifs d’abstention chirurgicale (> 1 motif pour 12 patients) étaient : comorbidités (32), faible impact fonctionnel (23), refus du patient (10). Vingt patients (34 %) ont reçu une antibiothérapie suppressive pendant 25,2 mois : doxycycline (5), pristinamycine (5), cotrimoxazole (4), pénicillines (4), acide fucidique (2). L’évolution (suivi = 23,5 mois) était défavorable pour 24 patients (41 %) : 40 % (8/20) dans le groupe antibiothérapie vs 41 % (16/39), p = 0,9. En analyse multivariée, l’antibiothérapie (aOR = 0,80 ; IC 95 % [0,10-1,95] ; p = 0,29) n’apparaît pas associée à une évolution défavorable contrairement à une néoplasie (aOR = 1,74 [1,02-31,78], p = 0,04), une infection prothétique (aOR = 2,06 [1,24-50,13] p = 0,03) et l’absence initiale de fistule (aOR = 1,63 [1,21-21,55] p = 0,03).

Conclusion : L’absence d’antibiothérapie suppressive n’apparaît pas être associée à une évolution défavorable dans les IOA en abstention chirurgicale.