Les conservateurs des collyres : vers une prise de conscience de leur toxicité - 27/09/10
Résumé |
Les conservateurs sont présents dans de nombreux collyres multidoses. Ils assurent la stérilité de la solution vis-à-vis des bactéries et champignons. Cependant, des études ont montré que les conservateurs sont toxiques pour la surface oculaire notamment chez les patients prenant des collyres au long cours. Le conservateur le plus employé dans les collyres est le chlorure de benzalkonium, ammonium quaternaire utilisé comme détergent, antiseptique, désinfectant, fongicide, bactéricide et spermicide. Son utilisation sur la surface oculaire pourrait avoir des conséquences importantes en particulier sur le long terme. En effet, les conservateurs provoquent la dissolution du film lacrymal et sont pro-apoptotiques et pro-inflammatoires. L’administration prolongée de collyres contenant un ou plusieurs conservateurs conduit à une altération des structures superficielles (conjonctive, cornée) et plus profondes (trabéculum, cristallin). Les signes et symptômes oculaires les moins sévères se manifestent par une gêne ou des irritations : sensation de corps étranger de picotement ou brûlure, d’œil sec. Pour les effets secondaires les plus graves, on observe une inflammation d’intensité variable allant d’une simple réaction infraclinique au développement progressif d’une fibrose avec entre autres un risque accru d’échec en cas de chirurgie du glaucome. Le meilleur moyen de limiter ces complications passe par la réduction du nombre d’instillations de collyres conservés, et idéalement par l’utilisation de collyres sans conservateur, chaque fois que cela est possible. Une meilleure prise en charge de la surface oculaire devrait permettre d’augmenter le confort du patient, l’observance du traitement et d’assurer l’efficacité d’une future chirurgie filtrante chez les patients atteints de glaucome.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Summary |
Preservatives are present in numerous multidose eyedrops and provide the sterility of the solution against bacteria and fungi. However, numerous studies have shown their toxicity for the ocular surface, particularly in long-term treatments. The most widely used preservative in eyedrops is benzalkonium chloride. This quaternary ammonium acts as a detergent, antiseptic, disinfectant, fungicide, bactericide, and spermicide. Its use on the ocular surface therefore has significant consequences. Indeed, the preservatives are pro-apoptotic, pro-inflammatory and they cause the dissolution of the lachrymal film. The prolonged administration of one or several eye drops containing preservatives induces changes in the superficial structures (conjunctiva, cornea) as well as in deeper structures (trabecula, lens). The least severe symptoms are irritation and discomfort, including sensation of a foreign body, itching, or burning sensations. However, more severe side effects have been described, such as chronic inflammation of variable intensity or the progressive development of fibrosis with higher risk of failure after glaucoma filtering surgery. Ideally, preservative-free eyedrops should be recommended, or at least a reduction of the number of instilled preserved eyedrops should be considered. All these strategies could increase patient comfort, quality of life, and compliance, with better outcome at the time of filtering surgery.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Glaucome, Collyres, Conservateurs, Benzalkonium, Toxicité, Surface oculaire
Keywords : Glaucoma, Eyedrops, Preservatives, Benzalkonium, Toxicity, Ocular surface
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Vol 33 - N° 7
P. 505-524 - septembre 2010 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.