Le diagnostic de dénutrition repose sur un faisceau d’arguments incluant des éléments de consommations alimentaires, cliniques et biologiques. Les critères diagnostiques émis par l’HAS (2003) ont été choisis de manière à limiter le nombre de « faux positifs ». En effet, un des indicateurs classiques de dénutrition, le Nutritional Risk Index (NRI), tient compte de la perte de poids récente et du niveau de l’albuminémie. Or, ce dernier, chez les diabétiques porteurs d’une plaie chronique du pied dépend aussi de la production hépatique d’albumine (diminuée en présence d’un syndrome inflammatoire). Ainsi, il s’agit de : 1. Évaluer le lien entre dénutrition, albuminémie et syndrome inflammatoire. 2. Rechercher des indicateurs de risque nutritionnel.

Étude prospective, incluant tous les patients diabétiques (P) successivement hospitalisés pour plaie du pied. Ont été mesurés à l’entrée : poids et perte de poids récente, albuminémie, CRP, test MNA pour les sujets ≥ 70 ans ; suivi hebdomadaire du poids, de la préalbuminémie et remplissage de la feuille de surveillance alimentaire.

369 hospitalisations chez 267 patients en 3 ans ; âge : 63±12 ans, ancienneté du diabète 19±11 ans ; HbA1c 7,8±1,9 % ; 80 % de DT2, 75 % d’hommes et 34 % ≥ 70 ans ; IMC 26±6. 1. Le NRI a diagnostiqué : une dénutrition sévère chez 27 %, moyenne chez 42 % et absente chez 31 % des P, avec une albuminémie (et CRP) respectivement de : 24±3 g/l (CRP : 108±86mg/l), 32±2g/l (CRP : 63±77mg/l) et 39±3g/l (CRP : 20±40mg/l) (p<0,0001 entre les 3 groupes). 2. Le faible niveau de consommations alimentaires (< 1 500 calories, < 60 gprotéines) concerne 24 % des P ; il est lié au syndrome inflammatoire (CRP : 88±87 vs 51±71, p<0,001), à la durée de séjour (37±28 vs 25±14j, p<0,0001) et au MNA (P≥70 ans : 58 % à risque de ou avec mauvais état nutritionnel (p<0,0001).

Le NRI a permis de diagnostiquer une dénutrition chez 69 % des patients hospitalisés pour plaie du pied. Il est lié au syndrome inflammatoire mais ne traduit pas qu’un défaut de synthèse de l’albumine puisque le syndrome inflammatoire participe à la diminution des consommations alimentaires, d’autant plus importante que le patient est âgé et reste hospitalisé longtemps.