L'extension alarmante de l'épidémie du tabagisme féminin aura des conséquences redoutables dans les années à venir en l'absence d'actions de prévention et de prise en charge spécifique. La meilleure compréhension des liens entre tabagisme et facteurs de risque : risque oncogène (cancers du sein, du col utérin, de l'ovaire, de la vulve, de la vessie), risque vasculaire (coronarien, cérébral), risque métabolique, risque veineux (varices), risque osseux (ostéoporose), sera d'autant plus porteuse d'espoir qu'elle servira la prévention. L'exemplarité des leaders et la dénormalisation de la cigarette sont déterminantes. Quel que soit le motif de consultation, celle-ci devrait toujours représenter une opportunité pour la prise en charge simultanée des problèmes gynécologiques et du sevrage tabagique. Il importe aussi d'agir en amont sur le conditionnement psychosocial pour limiter le nombre d'adolescentes fumeuses et leur entrée dans les autres coaddictions : alcool (binge drinking), cannabis ou autres drogues illicites. Parmi les facteurs de risque féminins, le tabagisme est certainement celui sur lequel il est le plus important d'agir radicalement et de façon précoce. Pour la prise en charge, tous les acteurs de santé qui rencontrent des femmes, tous les gynécologues médicaux ou chirurgiens, sages-femmes, médecins généralistes, cardiologues bien sûr, mais aussi anesthésistes, pneumologues, oncologues, dermatologues, angéiologues, gastroentérologues, endocrinologues, médecins scolaires et de santé au travail, chirurgiens dentistes, doivent s'impliquer, quel que soit le motif de sollicitation médicale. Ils doivent acquérir une formation suffisante pour l'intervention brève ou la mesure du monoxyde de carbone (CO) expiré, ainsi que pour la prescription des traitements efficaces (substituts nicotiniques, varénicline, bupropion, thérapies cognitivocomportementales), que ce soit en ambulatoire ou en hospitalisation.