O046 - Impact d’un algorithme décisionnel sur la dénutrition sévère dans le centre d’hémodialyse chronique d’un CHU - 04/12/08
A Dehlavi [1],
L Ciutto [1],
D Grolimund-Berset [1],
D Teta [2],
P Coti Bertrand [1]
Voir les affiliationsIntroduction et But de l’étude. – La prévalence de la dénutrition protéino-énergétique varie entre 10 et 70 % chez les patients insuffisants rénaux hémodialysés (IRD). Un taux de morbidité et de mortalité élevé associé à des difficultés de renutrition impliquent que le dépistage et l’intervention nutritionnels soient précoces. Les patients habituellement adressés au CHU pour hémodialyse chronique sont à haut risque nutritionnel en raison de leur polymorbidité et de leur âge avancé. Un algorithme décisionnel nutritionnel a été mis en place sous la coordination d’une diététicienne clinicienne. Le but de cette étude est d’évaluer l’impact de son application sur l’état nutritionnel des patients sur une période de 16 mois (To et T16).
Matériel et Méthodes. – Deux photos nutritionnelles sont réalisées chez tous les patients du centre d’hémodialyse chronique. Les patients sont classés en patients non dénutris (ND) en cas de stabilité pondérale ; dénutris modérés (DM) en cas de perte de poids entre 5 et 10 % du poids usuel ; dénutris sévères (DS) en cas de perte de poids > 10 % du poids usuel, albuminémie < 35 g/l, taux de catabolisme protidique (TCP) < 1 g prot/kg/j. Des conseils diététiques sont donnés en cas de ND. Des suppléments nutritifs oraux (SNO) sont proposés en cas de DM, une sonde naso-gastrique ou une gastrostomie (AS) est proposée en cas de DS. La nutrition parentérale per-dialytique (NPPD) n’est envisagée qu’en cas d’opposition totale du patient à l’alimentation par sonde.
Résultats. – A T0, parmi les 76 patients évalués, 56 % sont dénutris, dont 38 % souffrent de DM et 18 % de DS. Les interventions nutritionnelles réalisées sont pour 21 % des conseils diététiques, 28 % des SNO, 7 % une AS, 5 % une NPPD. À T16, le taux de patients dénutris est réduit de 10 %. Les valeurs d’albuminémie et de TCP ne diffèrent pas significativement (respectivement, p < 0,39 et p < 0,27) entre T0 et T16. L’évolution de la DS est marquée par une correction de la dénutrition chez 1/3 des patients, par une stabilité de la dénutrition chez 1/3 des patients et par la survenue d’un décès pour le 1/3 restant. Parmi les patients qui aggravent leur état nutritionnel, 9 % entrent dans la DM et 3 % dans la DS. Au total, 13 % des patients sont décédés à T16.
Conclusions. – La dénutrition sévère dans un centre d’hémodialyse chronique n’est pas une fatalité. Une prise en charge nutritionnelle systématisée et coordonnée par une diététicienne clinicienne, a permis d’améliorer l’état nutritionnel de près d’1 patient sur 4 et a été associée à une réduction de la prévalence de la dénutrition sévère de 10 %. Toutefois, une dégradation de l’état nutritionnel a été observée malgré les ressources mobilisées chez 15 % des patients. Cela peut être expliqué par le profil des patients de notre centre qui correspondent à des patients souffrant de polypathologie (40 % de diabétiques) et d’âge avancé (68 ans d’âge moyen). Il a été aisé avec ces résultats de solliciter auprès de la direction du CHU la pérennisation du poste de diététicienne attachée à ce service.
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Vol 22 - N° S1
P. 46 - novembre 2008 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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