Construction d'un problème public autour du dopage et reconnaissance d'une spécialité médicale - 21/03/08
Résumé |
Cet article retrace le mouvement de constitution d'une spécialité professionnelle (la médecine du sport), appuyé sur l'animation d'un espace délibératif autour du dopage et sur la mise en forme de cette catégorie. L'itinéraire de cette notion est retracé sur une période s'étendant entre 1955 et 1999, ce qui permet de mettre en évidence des problématisations successives de la question du dopage, portées par des médecins ayant des profils et des activités différenciés. Progressivement les objectifs de la médecine appliquée au sport évoluent. Initialement l'optique curative domine, opposant fermement célébration des vertus de la pratique sportive et condamnation du dopage. Puis un nouveau domaine de compétences médicales s'ouvre avec la préparation biologique de la performance, qui est présentée comme une alternative au dopage tout en rendant les frontières avec celui-ci plus incertaines. Ensuite les positions médicales se polarisent : d'un côté émerge une science de l'entraînement appuyée sur la physiologie de l'effort, qui permet d'intensifier la pratique sportive tout en l'optimisant par des périodes de repos ; de l'autre des cliniciens plus proches de la vie quotidienne des sportifs comprennent les contraintes d'un renouvellement incessant des performances et manifestent de l'empathie vis-à-vis de la prise de « produits » dans une optique curative. Finalement la légitimation de la médecine du sport comme spécialité professionnelle s'appuie sur une double relation : l'une, évidente, opposant dopage et santé, l'autre, aberrante d'un point de vue sanitaire mais tout autant admise, associant sport intensif et santé.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Abstract |
The formation of a professional specialty — sports medicine — is described with emphasis on how drug abuse has become a public issue. This notion's itinerary is traced between 1955 and 1999 so as to show how doctors with different profiles and activities successively raised the issue of “doping”. The objectives of medicine, as it was being applied to sports, gradually changed. At the start, the intention was to cure, a view that celebrated the virtues of practicing a sport and it condemned using drugs. A new field of medical competence was opened with the “biological preparation of performances”, which, though presented as an alternative to using drugs, blurred the boundaries with doping. Medical positions became polarized: on the one side, a science of training took shape around the physiology of physical efforts, which made it possible to intensify activities while optimizing them thanks to rest periods; and on the other side, clinicians who, in closer contact with the everyday life of players, both understood the requirements ensuing from a continuous renewal of performances and tended to favor taking “products” for “curative” purposes. Sports medicine was legitimated as a medical specialty on two grounds: the one, obvious, sets doping at odds with health; and the other, aberrant from the viewpoint of health but nonetheless accepted, associates intensive sports with health.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Médecine du sport, Dopage, Performance, Entraînement, Santé
Keywords : Sports medicine, Drug abuse, Performance, Training, Health
Plan
Vol 48 - N° 4
P. 487-508 - octobre-décembre 2006 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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