Face à la menace terroriste, les professionnels de différents champs sont mobilisés par le gouvernement français afin de lutter contre le phénomène de radicalisation. L’objectif de ce travail est de présenter les prises en charge effectuées au sein de la consultation spécialisée de prévention de la radicalisation d’un service universitaire de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent.

Il s’agit d’une étude observationnelle descriptive rétrospective. L’ensemble des cas signalés à la consultation entre le 1^er novembre 2015 et le 1^er novembre 2017 ont été inclus dans l’étude. Outre les données sociodémographiques, nous avons systématiquement recueillis les diagnostics retenus, les éléments du contexte familial, le niveau de radicalisation effective du jeune, et son devenir à court terme (par exemple, en termes d’orientation).

Au total, 34 sujets (56 % de sexe masculin) ont été inclus sur une période de deux ans. L’âge moyen était de 15,4 ans (±4,52). La préfecture de police était la source principale d’adressage à la consultation. Suite à l’évaluation spécialisée, 22,58 % des situations étaient considérées comme sans rapport avec la radicalisation, 48,39 % présentaient une vulnérabilité à la radicalisation et 29,03 % étaient des situations de radicalisation avérée. Au total, 38,2 % des sujets souffraient d’une pathologie mentale de l’axe 1, se partageant à part égale en pathologie de type psychotique, d’une part, et trouble externalisé du comportement, d’autre part. Les données qualitatives recueillies soulignent aussi l’importance des dysfonctionnements au sein des familles des jeunes impliqués dans un processus de radicalisation.

Cette étude met en évidence la multiplicité des facteurs de vulnérabilité ainsi que la complexité des mécanismes psychopathologiques en jeu dans le phénomène de radicalisation. Des recherches ultérieures sont nécessaires, notamment pour évaluer l’efficacité des accompagnements.

The terrorist threat level is critical. Professionals from different fields have been mobilized by the French government to fight against radicalization. The objective of this study is to present the work carried out within the consultation dedicated to the prevention of radicalization of a child and adolescent psychiatry department in France.

This study is retrospective, descriptive and observational. All cases reported to the Radicalization Prevention Consultation between November 1, 2015 and November 1, 2017 were included. In addition to socio-demographic data, the diagnoses, elements of the family context, the level of radicalization of the young person and his short-term future (for example in terms of orientation) were collected.

A total of 34 subjects (56% males) were included over a two-year period. The average age was 15.4 years (±4.52). The prefecture of police was the main source of those addressed to the consultation. After specialized evaluation, 22.58% of the situations were considered as unrelated to radicalization, 48.39% as vulnerable to radicalization, and 29.03% were considered as truly radicalized. In total, 38.2% of the subjects suffered from a mental pathology of the axis 1: half of them had a psychotic disorder and the other half had externalized behavioral disorder. The collected qualitative data underlined the importance of dysfunctions within the families of young people involved in a process of radicalization.

This study highlights the multiplicity of vulnerability factors as well as the complexity of the psychopathological mechanisms involved in the phenomenon of radicalization. Further research is needed, especially to evaluate the effectiveness of accompaniments.