La surveillance biologique des expositions (SBE) est un outil bien établi d’analyse et d’évaluation de l’exposition aux agents chimiques. Elle fait l’objet de nombreuses réglementations et recommandations en santé au travail (ex. SCOEL, l’ANSES et DFG avec des groupes de travail sur les indicateurs biologiques d’exposition).

Bien que la SBE soit habituellement réalisée dans les conditions de production et manipulation usuelles, l’exposition aux agents chimiques peut également intervenir en dehors de ces conditions (maintenance, incidents). Pour ces situations, les entreprises doivent définir leur propre approche et protocole.

Ainsi, une grande entreprise du secteur chimique a mis en place entre 1993 et 2012, une SBE lors d’arrêts programmés de maintenance dans des usines de production d’hydrocarbures et vapocraquage (17–92 employés, 43–490 échantillons urinaires). Le niveau d’exposition moyen au benzène, mesuré par l’acide trans, trans-muconique urinaire (ttMA) a diminué de manière continue du fait du renforcement des mesures de protection. Les résultats dépassant la valeur seuil (ttMA : 0,5mg/g creatinine) ont été réduits à quelques cas individuels.

L’approche générale de BASF concernant la SBE repose, tout d’abord, sur l’existence de méthodes d’analyses validées par une démarche qualité, et d’indicateurs ayant une base scientifique.

De plus, quatre critères offrent une base solide et assurent une décision traçable pour le déploiement de SBE : (1) substance ayant une classification CMR ; (2) substance ayant une absorption cutanée prépondérante ; (3) substance ayant un potentiel d’accumulation dans l’organisme pour expositions répétées ; (4) validation de l’efficacité des équipements de protection individuels.

BASF exploite ses propres laboratoires spécialisés en SBE (Ludwigshafen, Antwerp, Nanjing) avec pour avantages : (1) coordination efficace entre management, médecin et laboratoire ; (2) retour rapide des résultats et conseil du laboratoire ; (3) évaluation, discussion possible des résultats (interne au site ou entre différents sites) en préservant le secret médical. Le management reçoit un rapport de synthèse permettant d’évaluer les mesures de protection.

En conclusion, la SBE est partie intégrante de l’analyse et évaluation du risque. Elle complète, voir dans certains cas, surpasse la métrologie atmosphérique comme moyen de surveillance de l’exposition individuelle. En l’absence de normes réglementant la SBE, des critères et protocoles doivent être définis. Ainsi, la SBE est une valeur ajoutée significative pour la protection de la santé au travail et offre une base de discussion solide autour de l’efficacité des mesures de protection et la communication des risques pour la santé.