La lithostathine est une protéine de 144 amino-acides apparentée aux lectines de type C. Elle a d'abord été mise en évidence dans le suc pancréatique où elle est sécrétée. Elle est très souvent retrouvée emprisonnée dans les calculs pancréatiques sous une forme tronquée. Nous avons montré que cette coupure est due à une autolyse de la protéine en Arg11-Ile12. Cette coupure sépare l'undécapeptide N-terminal, soluble, de la partie C-terminale appelée S1. Celle-ci est très peu soluble à pH physiologique et précipite sous forme de fibrilles résistantes aux protéases. L'analogie entre la formation de ces fibrilles, leur aspect et la formation des précipités protéiques au cours des maladies neurodégénératives nous a incités à regarder si la lithostathine pouvait être présente dans le cerveau de patients atteints de maladie d'Alzheimer. Nous l'avons mis en évidence à la fois dans les plaques séniles et dans les dégénérescences neurofibrillaires. De plus, nous avons montré que la lithostathine était surexprimée dès les stades précoces de la maladie (CDR = 0,5). Par ailleurs, comme nous avions réalisé sa structure aux RX, nous avons pu déterminer, à partir d'expériences de microscopie de force atomique, électronique et de biochimie, la structure des fibrilles de lithostathine. Elles sont formées par l'agrégation de protofilaments, chacun étant formé d'une quadruple hélice de S1. Étant donné que ses propriétés physico-chimiques ressemblent à celles de la PrP, nous avons recherché par immunohistochimie sa présence dans des coupes de patients atteints de maladie de Creutzfeldt-Jacob et de Gertsmann-Strausser-Scheinker. Nous avons montré qu'elle y forme des plaques. L'ensemble de ces résultats suggère que la lithostathine est impliquée dans les phénomènes neurodégénératifs. Finalement, l'étude de son comportement pourrait aider à la compréhension des phénomènes de précipitation fibrillaire survenant au cours de ces processus pathologiques.