La théorie de l’attachement dans le domaine du vieillissement propose une approche nouvelle et pertinente pour comprendre la clinique du sujet âgé et les enjeux de ses relations à autrui. La vieillesse rend parfois le sujet vulnérable physiquement et psychiquement et l’inscrit dans une relation de dépendance à autrui. Cet article pose l’hypothèse d’une spécificité de l’attachement chez le sujet âgé.

Cet écrit rend compte des premiers résultats d’une étude en cours visant à évaluer l’attachement chez des sujets âgés de plus de 65ans. En utilisant une procédure d’analyse d’entretiens semi-structurés, inspirée du paradigme de l’attachement (Edicode), deux situations cliniques parmi les vingt situations rencontrées sont présentées pour illustrer deux profils d’attachement particuliers. Les sujets de cette étude ont participé à un entretien clinique semi-structuré enregistré, retranscrit puis analysé selon la méthode d’évaluation Edicode en double cotation, ont rempli avec l’aide du chercheur une échelle d’attachement (Questionnaire des Échelles de Relations), une échelle de santé (Indicateur de Santé Perceptuelle de Nottingham) et une échelle d’anxiété et de dépression (HAD).

Les données issues de ces deux illustrations montrent l’importance de considérer les formes d’énonciation du récit et la mise en forme des expériences subjectives souvent douloureuses chez le public âgé. Ce récit permet d’évaluer le niveau d’élaboration des pertes liées à l’âge et la capacité pour le sujet d’y associer des affects. Nous observons également un lien entre ce degré d’élaboration des pertes et le profil d’attachement du sujet.

À partir du constat d’un grand nombre de sujets détachés au grand âge comparativement à la population générale, nous discutons l’hypothèse d’une spécificité de l’attachement détaché dans la vieillesse. Le détachement serait une tentative plus ou moins opérante pour le sujet de lutter contre l’effondrement et la dépression liés aux pertes mais aussi à la raréfaction des relations.

Il n’existe pas d’effet de causalité simple du passé sur le présent dans l’attachement et le détachement peut s’entendre comme un mécanisme de dégagement ultime. L’aidant doit entendre l’angoisse que suscite la relation pour ces personnes contraintes de dépendre des autres.

The attachment theory in the area of gerontology offers a new and relevant paradigm for the clinical understanding of the elderly and their style of relationship. Old age can sometimes make subjects more vulnerable physically as well as psychologically, while ageing people tend to be more dependent on others. This article hypothesises that attachment in the ageing process has specific features.

This paper shows the first results from a recent study assessing attachment among people aged 65 and over. The approach is based on the attachment paradigm (Edicode protocol), and implemented semi-structured interviews. Two examples selected from 20 cases encountered are presented to illustrate two specific attachment styles. The semi-structured interviews were transcribed and analysed following the Edicode method, with double scoring. Respondents also completed different scales under supervision by the researcher: an attachment scale (Relationship Scales Questionnaire), a general health scale (Nottingham Health Profile) and an anxiety and depression scale (HADS).

The results for the two examples used in this article show the interest of taking into account the different forms of enunciation of the narrative, as well as the way subjective, often painful experiences are told. The narrative enables an assessment of how far the elderly subject is able to cope with various age-related losses, and how they express their emotions about these losses. We observed a link between the level of representation of losses and the attachment style.

Given the numbers of people with detached attachment style in old age compared to attachment in the general population, we can hypothesise that attachment during ageing has particular features. Elderly people may try to fight off collapse and depression by a detached attachment style helping them to endure losses and waning relationships.

The past attachment style does not always explain the current attachment style, and the detached style can be seen as a final attempt to escape. Caregivers should be aware that dependent persons may fear relationships because they generate anxiety.