Quelles sont les mesures de santé publique à proposer ou à valider pour réduire le tabagisme féminin ? - Quelles sont les mesures susceptibles de réduire le nombre d’adolescentes et de femmes fumeuses ? - 10/04/08
La compréhension des facteurs exposant les jeunes et les femmes à développer une dépendance au tabac nous permet de proposer des mesures de prévention, qui seront différentes chez la jeune fille et chez la femme dans un contexte de grossesse.
Pour les adolescentes, il conviendrait de continuer de les informer sur le tabac et ses méfaits, ainsi que sur la manipulation dont elles font l’objet. L’image d’une femme active, sans tabac, plus libre, plus nature, capable de faire des choix et plus en forme doit être valorisée. Les différents médias utilisés par les jeunes sont des moyens à utiliser avec l’aide de professionnels de la communication et de l’éducation à la santé ; les messages doivent faire l’objet de validations préalables dans la population ciblée. Une meilleure cohérence du monde adulte et des jeunes face à la loi et aux règles de simple respect est significativement utile. Les actions en milieu scolaire (des écoles aux facultés) doivent s’intégrer dans un projet communautaire, sur de longues périodes, impliquant tout un cadre éducatif formé et le groupe de pairs. Les valeurs à renforcer sont l’estime de soi, l’affirmation des compétences personnelles et des différences, le respect de l’autre et de soi. Le repérage précoce des facteurs de vulnérabilité psychosociales à cet âge est indispensable, pour orientation et prise en charge dans des structures d’accueil et de soin, trop peu nombreuses à ce jour. Enfin, des accompagnements de sevrages, utilisant le groupe et l’individuel, tenant compte du stade de maturation à l’arrêt, doivent être proposés et opérés par des professionnels formés et travaillant en réseau.
La grossesse, que nous devons bien identifier comme un état physique et psychologique spécifique de la femme, est une opportunité pour proposer une approche du tabagisme, si nous tenons compte de ses fragilités particulières dans cette période de maturation, et de son contexte général de vie.
Au-delà des mesures sociopolitiques et du débat philosophique de fonds sur la position de la femme, de l’homme, et de la famille au xxi e siècle, des propositions se dégagent pour agir avant, pendant et après la période de maternité.
Continuer d’informer de façon non culpabilisante est capital, en utilisant des messages travaillés avec la collaboration des femmes. La formation des professionnels de santé à l’abord de la fumeuse et de la dépendance doit se généraliser. Le conseil minimal doit être répété, ainsi que les propositions d’arrêt tenant compte du stade de maturation personnel de la femme et de sa motivation. L’usage de l’analyseur de monoxyde de carbone par les professionnels doit devenir habituel. Le repérage des facteurs pronostics et des difficultés éventuelles de la femme doit être précoce, si possible avant la grossesse, sinon pendant, afin de proposer un soutien adapté et pluridisciplinaire. Carnet de maternité et de santé du bébé doivent être améliorés. Les sages-femmes tabacologues ont une place privilégiée dans les mesures de prévention. Un tissu pluridisciplinaire compétent sera efficace auprès des femmes, tant dans des maternités sans tabac, que chez les professionnels libéraux et sur le territoire de vie réel de la femme. Les approches individuelles sont préférables aux approches de groupe, et le conjoint doit être largement impliqué dans le même temps. L’aide au sevrage, essentiellement psychologique, doit être complétée par les traitements médicamenteux nicotiniques chez la femme très dépendante, selon des protocoles à redéfinir par des études plus poussées. Toutes ces mesures sont à poursuivre au moins six mois après la naissance de l’enfant, que la femme ait ou non cessé de fumer au cours de la grossesse.
What measures can be taken to reduce the number of smoking adolescents and young women? |
A proper understanding of the factors exposing adolescents and young women to the risk of smoking dependence is necessary to develop effective preventive measures. These measures will be different depending on whether they are designed for adolescents and young women in general or for the context of pregnancy.
For adolescents, efforts should be continued to provide information about smoking and the dangers of tobacco as well as about the social manipulation involved. The image of a natural, active woman, free of tobacco and capable of making her own decisions should be promoted. Health education and communication professionals should make use of different media with an audience among the young. Messages should be validated with a target population before diffusion. A better coherence between the adult and young populations concerning legal obligations and mutual respect is significantly useful. Educational structures (schools and universities) should participate in long-term community projects implicating peer groups and trained professionals. Values which should be reinforced include self-esteem, affirmation of personal competence and difference, self-respect and respect of others. Early identification of factors favoring psychosocial vulnerability at this age is indispensable to facilitate referral to professional support and care centers, the number of which remains insufficient to date. Support when ceasing smoking, based on individual and group assistance, should take into account the individual’s phase of maturation, and must be proposed and operated by trained professionals working in a network.
During pregnancy, it is crucial to recognize that the woman’s specific physical and psychological situation is a unique opportunity to propose a new approach to smoking, taking into consideration the fragile context during this period of maturation and its impact on the woman’s general life.
Beyond sociopolitical measures and a philosophical debate on the position of women, men, and the family in the 21st century, propositions can be put forward for actions before, during and after the maternity period.
It is important to continue the educational aspect without creating a guilt feeling. Messages should be elaborated with women. Healthcare professionals should be trained about smoking and smoking dependence. They should repeat minimal advice and continuously propose stopping smoking, taking into consideration the woman’s stage of maturation and her motivation. Carbon monoxide monitoring should become a routine practice. Prognostic factors and possible difficulties should be identified early, if possible before pregnancy or at least during pregnancy, in order to propose adapted multidisciplinary support. The health booklet for the mother and the infant should be improved. Midwives should play an important role in prevention. A multidisciplinary effort will have the greatest impact: smoke-free environment in maternities, professional clinics, and the real-life territory of the pregnant woman. Individual care and support are more appropriate than group support. The partner should be implicated. For very dependent women, basically psychological support of smoking cessation should be completed with nicotine substitution therapy using protocols which should be redefined with more extensive studies. All these measures should be continued for six months after birth whether the woman has stopped smoking during pregnancy or not.
Mots clés : Adolescence , Femme , Facteurs pronostics , Grossesse , Prévention , Dépendance , Tabagisme , Réseau
Keywords:
Adolescence
,
Woman
,
Prognostic factors
,
Pregnancy
,
Prevention
,
Dependence
,
Smoking
,
Network
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Vol 34 - N° HS1
P. 303-317 - avril 2005 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.