Tuberculose MDR/XDR : tolérance d’un traitement prolongé par linézolide - 29/05/18
Résumé |
Introduction |
La tuberculose MDR touche près de 500 000 personnes chaque année. Compte tenu du pronostic très défavorable de ces formes résistantes, l’OMS recommande l’utilisation de médicaments hautement actifs, parmi lesquels le linézolide (LZD). Or, pour être efficace, le traitement de la tuberculose MDR doit être prolongé (18 à 24 mois). La tolérance d’un traitement prolongé par LZD se pose étant donné le risque majeur d’effets secondaires liés à ce médicament.
Matériels et méthodes |
Une cohorte rétrospective de patients ayant initié un traitement pour une tuberculose MDR entre 01/2011 et 12/2016 et ayant reçu au moins 3 mois de LZD (600mg/jour) a été constituée pour évaluer la toxicité de ce traitement. Pendant toute la durée du traitement, les patients étaient étroitement surveillés, notamment en terme de tolérance. Le suivi des patients était réalisé à intervalles réguliers (hebdomadaire pendant 4 mois puis mensuel) avec une surveillance clinique, pharmacologique et paraclinique.
Résultats |
Au total, 57 patients ont été inclus dans l’étude dont 26 (46 %) avec une souche XDR. La médiane de durée du traitement par LZD était de 12,8 mois [IQR=6 ;19,2]. Sur les 57 patients, 31 (54 %) ont développé une neuropathie périphérique clinique dont 18 (31 %) étaient confirmés par l’électromyogramme, avec une médiane de survenue de 8,3 mois [IQR=4 ;11]. Seuls 9 patients sur 18 (50 %) présentaient une neuropathie réversible à l’arrêt du LZD. Un examen ophtalmologique spécialisé a été réalisé chez 19 (32 %) patients déclarant des troubles de la vision après une médiane de 9,3 mois [IQR=1,6 ;14,6]. Parmi eux, 14 (25 %) présentaient une neuropathie optique. Quatre (29 %) patients n’ont pas récupéré leur fonction visuelle à l’arrêt du LZD. Aucune cytopathie sévère ou chronique n’a été retrouvée chez ces patients. La résiduelle du LZD a été mesurée chez 48 patients. Les 12 patients ayant une résiduelle supérieure à 2mg/l ont tous développé des effets secondaires. Chez les patients n’ayant pas présenté d’effets secondaires, la résiduelle médiane était de 0,3mg/l [IQR=0,1 ;1,6].
Conclusion |
Il est scientifiquement prouvé que le LZD est un traitement efficace de la tuberculose MDR, et représente un élément important dans la guérison des patients. Cependant, la fréquence et la gravité des effets secondaires liés au LZD nécessite un monitorage pharmacologique rapproché, ainsi qu’une surveillance étroite des effets secondaires cliniques notamment en terme de neuropathie périphérique et/ou optique. Par ailleurs, la réduction de la durée du LZD pourrait être proposée pour limiter la survenue de ces effets secondaires.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Plan
Vol 48 - N° 4S
P. S34 - juin 2018 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
L’accès au texte intégral de cet article nécessite un abonnement.
Déjà abonné à cette revue ?