Épidémie de toxoplasmose amazonienne dans une commune amérindienne - 29/05/18
Résumé |
Introduction |
La toxoplasmose amazonienne (TA), entité clinique nouvellement décrite, est caractérisée par l’implication de souches atypiques issues d’un cycle sylvatique et à l’origine de manifestations sévères, y compris chez l’immunocompétent. Peu d’épidémies ont été rapportées dans la littérature. Nous rapportons ici les caractéristiques cliniques et épidémiologiques d’une épidémie de TA survenant dans une commune amérindienne.
Matériels et méthodes |
En mai 2016, 4 cas de TA étaient diagnostiqués chez des habitants d’un village amérindien. Une investigation épidémiologique était alors conduite sur le terrain. Un dépistage biologique de tous les cas contacts était organisé, des prélèvements environnementaux réalisés sur des selles de chat, par écouvillonnage anal de chat, sur la viande de gibier consommée, la viande de commerce, l’eau de boisson. Pour tous les cas confirmés par sérologie, une analyse en biologie moléculaire était réalisée pour caractériser les souches isolées de Toxoplasma gondii.
Résultats |
Durant deux mois (mai–juin 2016), 20 cas de TA (6 adultes et 14 enfants) étaient diagnostiqués dans 9 familles différentes. Les symptômes les plus fréquents étaient une fièvre (15 patients), des céphalées (6), une polyadénopathie (6), une toux (8), des signes digestifs (3). Trois patients asymptomatiques étaient dépistés lors de l’enquête autour des premiers cas. Globalement, la clinique était plus bruyante que dans les infections par les souches de T. gondii dites classiques et décrites essentiellement en Europe. Néanmoins, sous cotrimoxazole, l’évolution a toujours été favorable, contrastant avec les présentations très sévères observées habituellement dans la TA. La PCR T. gondii était positive dans le sang de 2 patientes, ainsi que sur les prélèvements anatomiques d’un fœtus décédé suite à une contamination pendant la grossesse. La consommation de viande de gibier était un facteur de risque retrouvé dans toutes les familles. Cinq des familles utilisaient l’eau de rivière comme source d’eau de boisson de façon ponctuelle ou permanente. Toutes les familles achetaient du poulet dans un commerce de la rive brésilienne. La présence de jeunes chats domestiques ou de félidés sauvages à proximité des habitations était notée dans 5 et 3 familles respectivement. La PCR T. gondii était positive sur une viande de pakira, une selle de chat, deux prélèvements de poulet issu du commerce.
Conclusion |
L’enquête autour de cette épidémie montre que les communautés amérindiennes sont exposées de manière importante à la TA, avec un risque émergent lié à la domestication des chats et la consommation de poulet issu du commerce. Une étude plus poussée sur l’eau, les chats et le sol permettrait d’évaluer une possible dispersion de T. gondii dans l’environnement du village.
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Vol 48 - N° 4S
P. S31 - juin 2018 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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