Les inquiétudes autour de l’usage des écrans en expansion sont multiples : est-ce qu’on s’isole, est-ce qu’on devient violent, addict ? L’objectif de cet article est de poser des bases théoriques solides et d’ouvrir la réflexion sur des inquiétudes souvent démesurées concernant l’usage du virtuel technoscientifique.

Nous basons notre pensée du virtuel et de ses usages sur les précieux apports de la philosophie et de la psychanalyse. Nous proposons un retour sur les notions d’inquiétant et de pharmakon mais aussi de nous intéresser à la place des outils dans l’histoire de l’humanité. La notion d’addiction est ensuite discutée et une revue de la littérature des apports d’auteurs contemporains est proposée.

Les notions d’inquiétant et de pharmakon mettent en lumière un aspect essentiel dans les malentendus autour de la psychopathologie du virtuel : souvent, elle est pensée sans prendre en compte l’implication personnelle du clinicien dans son abord des réalités virtuelles. Ces nouveaux objets numériques sont envisagés en tant qu’outils s’inscrivant dans l’histoire de la technique mais aussi comme objets culturels. La question psychopathologique est pensée en précisant ses contours pour éviter les approximations qui accompagnent souvent son usage. Le corps se dégage comme axe essentiel dans la pensée de la psychopathologie du virtuel, notamment par la quête d’ascétisme retrouvée dans l’évitement du contact hors ligne.

Les propositions théoriques de cet article permettent un nouvel éclairage de cette notion d’addiction, souvent utilisée de manière abusive dans une confusion épistémologique. Les psychopathologies du virtuel sont à envisager avec prudence et en prenant en considération la dépendance ordinaire aux outils, l’inquiétante étrangeté et l’équilibre remède/poison du pharmakon.

Cet article envisage l’addiction aux mondes virtuels à travers le prisme de la psychanalyse, tout en incluant d’autres disciplines et d’autres approches dans la revue de la littérature sur cette question. Il offre au lecteur la possibilité de penser le virtuel en se dégageant de certains a priori technophobes sur ce sujet.

There are numerous concerns about the increasing use of screens: do screens isolate us, make us violent, or addicted? The aim of this paper is to propose sound theoretical foundations and to open up reflection on the often disproportionate concerns about the use of technical and scientific virtual objects.

We base our apprehension of virtual reality and its uses on the valuable contributions of philosophy and psychoanalysis. We propose a return to the notions of the uncanny and the pharmakon, and we also look at the place of tools in the history of humanity. The notion of addiction is then discussed, and a review of the contributions of contemporary authors to the literature is proposed.

The notions of the uncanny and the pharmakon highlight an essential aspect in the misunderstandings around the psychopathology of virtual reality: it is often apprehended without taking into account the personal involvement of the clinician via his own approach to virtual realities. These new digital objects are envisaged as tools with a place in the history of technology, and also as cultural objects. The psychopathological issue is apprehended by defining its contours, to avoid the approximations that often characterise the manner in which it is approached. The body emerges as an essential axis in the way the psychopathology of virtual reality is apprehended, in particular in the asceticism that can be seen in the avoidance of offline contact.

The theoretical proposals made here provide new insight into the notion of addiction, which is often misused, creating epistemological confusion. The psychopathologies of virtual reality should be considered with caution, taking into consideration commonplace reliance on tools, the uncanny and the balance between remedy and poison in the pharmakon.

This article explores addiction to virtual worlds through the prism of psychoanalysis, also including other disciplines and approaches via the literature review on the issue. It provides to the reader with the possibility of envisaging virtual reality while at the same time disengaging himself from technophobic preconceptions on this subject.